D’après Antoine Macarez professeur d’Education musicale College au cinema 37 / Transcriptions musicales de Bruno Stisi

La Gavotte

 
 

La gavotte est une danse française d'origine populaire, en chaîne ouverte, à rythme binaire, gaie et à mouvement modéré ou assez vif. Attestée dès le XVIe siècle dans différentes régions de France, elle est introduite à la cour sous la forme d'une danse de couple et devient une danse de bal et de théâtre à la fin du XVIIe siècle.


Duhamel va utiliser un thème unique qui se prètera à de multiples variations : c’est la gavotte de la « Fête de l’automne » citée plus haut. Ce thème « originel » ne sera entendu que 5 minutes environ avant la fin du film, au moment du bal costumé. Il suit le schéma formel d’une gavotte du XVIIIe siècle, c'est-à-dire une danse à 2 temps, avec un départ en anacrouse, découpée en phrases régulières de 8 mesures. Le thème principal est en mode mineur. Un épisode central fait entendre de nouveaux motifs mélodiques, cette fois ci en majeur, avant le retour du thème initial mineur. Les timbres prédominants sont les hautbois et les bassons, renforcés par les cuivres et percussions, sans utilisation des cordes. L’aspect rythmique du thème est nettement marqué, autour de la cellule de dactyle (longue/brève/brève).


Ci dessous la Gavotte composée par Duhamel et de laquelle il va donc s’inspirer pour composer les autres moments musicaux du film. L’idée de départ est de d’abord faire entendre ce thème sous ses différentes transformations, de telle sorte qu’il soit familier au spectateur au moment où il apparait sous sa forme première, dans la scène clé du bal, point culminant et dénouement de l’action.

La musique de Duhamel dans Ridicule

On a dans Ridicule 34 minutes de musique, environ un tiers du film. Mis à part «Libera me» lors du duel et la chanson «Le Bel esprit» quand Mathilde arrive à la cour, la musique est instrumentale.

La principale source musicale est la gavotte qui accompagne la scène du « bal de l’automne », scène cruciale du film, au cours de laquelle les personnages principaux « tombent les masques », au sens propre comme au figuré. C’est d’ailleurs cette musique qui va servir de thème principal au film, et l’une des premières composées, puisqu’elle a dû servir de support au tournage de la scène du bal.

Cette contrainte fonctionnelle, imposée par les impératifs du tournage, n’est pas toujours du goût du compositeur, mais peut influencer ses choix et même conditionner l’ensemble de son projet musical, comme l’explique Antoine Duhamel :

« Composer la musique avant, je n’y crois pas tellement, et j’ai même souvent pensé que dans plusieurs des films sur lesquels j’ai travaillé, les musiques obligatoirement composées avant parce qu’elles jouaient un rôle dans le tournage m’influençaient dans un sens que je n’avais pas vraiment voulu. Dans Ridicule, j’avais écrit au piano cette gavotte sur laquelle ils dansent. Leconte s’en est servi au tournage, et, au montage, j’entendais la gavotte partout dans le film... C’était une nouvelle contrainte, qui m’incitait à faire des variations sur la gavotte. Souvent, les musiques faites avant tournage vous limitent quelquefois dans le choix final ».

La Gavotte du bal

Tout au long du film, ce thème subira ainsi toutes sortes de transformations, du rythme, de la métrique, de l’harmonie, de l’orchestration, de l’arrangement, qui l’éloignent même parfois largement de sa version originale.

Ce principe de variation, qui assure l’unité musicale de la composition, est sans doute aussi à l’origine de la citation par Duhamel des variations sur « Ah vous dirai-je maman » de Mozart, une oeuvre de référence de la forme « thème et variations ».

D’autre part, comme l’explique Antoine Duhamel, cet emprunt à Mozart était aussi un moyen d’adresser un clin d’oeil à son illustre prédécesseur, qui aurait très bien pu être présent à Paris à l’époque où se situe l’action.

Gavotte «Prix de la vie humaine»

Comme tu l’as constaté dans l’exercice précédent on retrouve des motifs et mélodies semblables tout au long du film..

Pour approfondir

Ainsi, dès la séquence d’ouverture, le thème est déjà présent, sous une forme morcelée et théâtrale, comme insidieuse, hachée par le silence, qui contribue largement au climat nauséeux et inquiétant de cette scène, au même titre que la lumière très travaillée des rayons de soleil qui percent les volets fermés et découpent comme des lames l’obscurité censée protéger le vieillard impotent et mourant qui s’y terre, privé de la parole dont il usait si bien autrefois, comme d’une arme tranchante.

Le générique qui suit est, lui aussi, dérivé de la gavotte, dans une version plus lente et plus accentuée, moins dansante, dans une orchestration plus étoffée et une texture plus touffue où les cordes et les cuivres dominent, ce qui donne un aspect plus solennel et plus pesant au thème, exposé d’abord dans le grave :

La Gavotte du générique

Essaye de mémoriser

cette gavotte

Trouve les passages qui proviennent de la 1er gavotte

Trouve les passages qui proviennent de la 1er gavotte

Qu’est-ce qu’une variation?

Pour approfondir

Extrait dans le film

Extrait dans le film

Extrait dans le film